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« 38 Témoins » pour 37 menteurs (***)

samedi, mars 31st, 2012

Je ne sais pas trop pourquoi, mais il semble bien que Le Havre, oui,la ville, est en train de devenir la ville du cinéma français par excellence.
Après « Le Havre » de Aki Kaurismaki, « Tournée » de Amalric il y a deux ans ou même « Belle épine » avec Léa Seydoux la même année, Le Havre va vite gagner des points par rapport à d’autres villes françaises en terme de visibilité cinématographique..

Peut être que « 38 Témoins » réalisé par Lucas Belvaux, aurait tendance à ne pas vraiment nous donner envie d’aller séjourner là-bas.
L’ambiance de ce sombre film est assez pesante puisqu’il s’agit de faire l’enquête sur la mort brutale d’une jeune étudiante de 20 ans, dans les rues du Havre, alors que 37 personnes affirment n’avoir rien entendu et qu’une autre, Yvan Attal, déclare le contraire.
Ajoutez le regard d’une journaliste à l’enquête policière, un couple à la dérive et une société qui ne pense qu’à se regarder le nombril. Vous obtiendrez un film assez dur.

N’allait pas croire que Le Havre n’est qu’un prétexte au film. C’est beaucoup plus dur que cela. Entre chaque séquence ou presque, et dès le début du film, la ville portuaire y est filmée.
Magnifiquement grise, jamais trop ensoleillée, on ne nous envoie pas là une carte postale, mais plutôt le reflet d’une ville qui est à l’image des 38 témoins qui n’ont rien fait pour sauver la vie de la jeune étudiante.

Tout y est habilement travaillé.
Les personnages ne sont pas très nombreux : Sophie Quinton et Yvan Attal dans le rôle du couple à la dérive. Un flic et une journaliste aussi (Nicole Garcia), quelques voisins et vous obtenez le tout. C’est à la fois très sommaire mais humainement intéressant. Les scènes sont volontairement assez longues pour que l’on puisse en apprendre assez sur ceux qui font ce film.
Sans jamais tomber dans le voyeurisme et préférant les silences, on nous dresse là, un tableau assez violent et sans concession d’une humanité qui ne prête pas attention à l’autre mais qui a tous les remords du monde sur ses épaules après.
Une belle leçon.